Ce bilan s’appuie sur les retours de collègues représentant 36 collèges et 21 lycées (34 dans le Bas-Rhin et 23 dans le Haut-Rhin).
L’austérité, c’est [déjà] maintenant
Fermeture brutale de la plateforme consacrée à la part collective du Pass Culture en janvier, plafonnement de la rémunération à 90% en cas de congé maladie, diminution des parts de Pacte attribuées aux établissements (sauf pour les RCD), diminution de la dotation allouée à l’académie pour le recrutement de services civiques (-80%)… Les signes de l’austérité dans les collèges et lycées sont déjà bien visibles.
Faire mieux avec moins
Dans sa conférence de rentrée, la ministre de l’Education Nationale annonçait vouloir « assurer la réussite de tous les élèves ». Et pourtant, les classes restent très chargées. Dans les collèges de l’académie, selon les prévisions de rentrée, près de 40% des établissements ont au moins un niveau au seuil – sans que les inclusions d’élèves relevant du dispositif UPE2A soient prises en compte.
En lycée, un quart des réponses à nos enquêtes de rentrée mentionnent des classes ou groupes chargés, comme en STMG ou dans des groupes de spécialité.
« Faire Plus avec toujours moins », ce sont aussi les postes restés vacants. Plus d’une vingtaine de postes d’enseignant, dans nos enquêtes de rentrée, n’étaient pas pourvus ou remplacés à la rentrée, dans des disciplines technologiques ou professionnelles notamment mais quasiment toutes les disciplines sont concernées (EPS, langues, maths, français…, même les SES pour lesquelles notre académie ne devait pas accueillir de stagiaires). Sont aussi vacants des postes de PSY-EN (dans au moins 8 établissements), assistant e social e, personnels médicaux, administratifs, AED.
Groupes en collège : chacun fait ce qui lui plait…. Comme il peut !
Annonce principale de la rentrée 2024, les groupes de niveaux, rebaptisés groupes de besoins, seraient-ils en voie de disparition dans l’académie ? Sur 36 collèges, près d’un tiers les a abandonnés sur le niveau 6e et 40% sur le niveau 5e. Les heures ainsi économisées en maths et français ont pu être « redéployées » sur les niveaux 4e et 3e pour de l’accompagnement – qui semble néanmoins minoritaire - ou pour recréer des groupes à effectifs réduits en sciences, langues vivantes. Les collèges se sont aussi affranchis des contraintes les plus fortes en privilégiant les groupes fixes, à effectifs réduits, sur l’ensemble de l’année scolaire. La baisse du nombre d’heures consacrées aux groupes a peut-être rendu moins criante la pénurie d’enseignants de français, au moins en ce début d’année.
Par contre, la mise en place des nouveaux programmes en 6e, en maths, français et langues vivantes se fera sans manuel dans un tiers des collèges. Dans d’autres, seule une partie des manuels a été livrée et il n’y en a pas forcément un par élève. En effet, les établissements n’ont reçu qu’une dotation de 60 euros par élève, bien insuffisante.
Lycée : bac Blanquer, saison 6… 6e version
Le bac Blanquer n’en finit plus d’être réformé. Au programme de la session 2026, l’épreuve anticipée de mathématiques en 1re - mais une épreuve différente selon les filières et spécialités des élèves, une épreuve pratique en STI2D, des allègements de programme en spécialité HGGSP (annoncés après la rentrée). Et un risque toujours présent : un contrôle accru des pratiques d’évaluation des enseignants dans le cadre du PLE et du contrôle continu. Le lycée Blanquer qui devait simplifier le bac et rendre le travail plus serein fait donc tout l’inverse, les épreuves se multiplient et le contrôle continu "stresse" élèves, parents et complexifie la tâche d’évaluation des enseignants.
« Promouvoir un usage raisonné du numérique » (Elisabeth Borne)
Des deux collèges de l’académie engagés dans l’expérimentation sur la pause numérique l’an dernier, un seul, celui d’Ensisheim, l’a menée à son terme. Dans le 2e, les conditions matérielles n’étaient pas réunies puisqu’aucun financement n’avait été prévu pour acheter des casiers ou des pochettes. Et pourtant, le dispositif, renommé « Portable en pause » devrait être généralisé à tous les collèges d’ici la fin de l’année scolaire. Soyons ambitieux !
Par ailleurs, 5 collèges de l’académie seront concernés par une expérimentation sur l’IA – dont le SNES-FSU a demandé que le bilan soit communiqué, contrairement à ce qui s’est passé avec le manuel numérique en lycée.
Et pour les personnels ?
"Réaffirmer la politique de ressources humaines".... Voilà ce qui apparaît sur la page du ministère consacrée à la rentrée.
Concrètement, ce que réaffirme le ministère, c’est qu’il n’y aura pas d’augmentation de la rémunération - le point d’indice restant gelé dans la Fonction Publique - et pas d’amélioration des carrières contrairement à ce qui avait été annoncé.
Localement, la gestion des personnels se fait toujours dans une certaine confusion. Ainsi pour les TZR, affectés tardivement - et qui ont parfois dû appeler pour connaître leur affectation, affectés / dés-affectés / ré-affectés sur autre établissement à quelques jours de la rentrée, affectés mais sans arrêté d’affectation... Ou des collègues qui démissionnent faute d’avoir eu une réponse à une demande de disponibilité.
Ces problèmes de gestion participent eux aussi à la crise que connaissent nos métiers.
Le SNES-FSU revendique un plan ambitieux pour le 2d degré qui passe par une revalorisation de nos métiers, l’abandon des dernières réformes (lycées et bacs Blanquer, Choc des savoirs, Parcoursup), l’amélioration des conditions de travail, d’abord en allégeant les effectifs des classes.